Un chien et le Portugal… et Bruxelles

Malgré les effets délétères de cette grippe prise sur Air Transat au retour il y a une semaine, je cherche fiévreusement un titre percutant à mon carnet. Le mieux que j’ai pu faire c’est cette première phrase que je vous invite à relire avec attention.

img_4413

Dharma

Le chien est portugais. Un chien d’eau portugais. Il avait environ 9 semaines à son arrivée au début d’août. Nous sommes allés en Ontario pour l’adopter. Il ne connaissait que quelques mots d’anglais. Il ne connaît plus que le français maintenant. Et pas un mot de portugais.

img_4416

Solares près de Lisbonne

Les portugais sont étranges. Gentils, amiables, mais étranges. Comme leur langue chuintée. « Portougècccchhhhhhe », disent-ils. Ils trouvent drôle que les espagnols traversent la frontière si facilement mais qu’arrivés du côté portugais ils ne comprennent plus rien. « ShhhouiShhhouShhhhaaa »… Ça fait rire les portugais. Ils s’en foutent. D’ailleurs, certains de leurs plus beaux sites touristiques ne sont présentés qu’en une seule langue: la leur. Pas de complexes, comme nous avons chez nous. Pour eux, un touriste c’est quelqu’un qui vient du troisième village plus loin. « Vous venez du Canada? Vous connaissez des portugais chez vous? Ce doit être des portugais qui viennent des Açores. Il y a peu de portugais du continent qui émigrent », me dit-on. Je les crois.

Le Sintra, un site majeur en bordure de la ville de Lisbonne, reçoit des millions de visiteurs annuellement.

img_4593

Un des trois châteaux du Sintra

Je crois avoir compté les places de stationnement: 33. Ils s’en foutent. On se balade gentiment pare-choc à pare-choc dans les rues étroites des villages incluent dans ce grand parc, autour des trois châteaux, sans jamais pouvoir descendre de la voiture. À l’occasion un place se libère et est rapidement prise par quelqu’un devant dans le cortège. Finalement on a décidé de revenir proche de la fermeture des attractions. On a trouvé une place à l’écart, un élargissement dans un  petit chemin, pour y laisser la voiture. Marché jusqu’au kiosque, fait la file pour acheter un billet d’entrée, puis « Ah! le château des Maures, non c’est à l’autre kiosque juste un peu plus loin. » L’affiche devant annonce tous les prix mais ne dit pas que les kiosques se spécialisent chacun dans leurs billets à eux. Ils s’en fichent.

img_4437

Le palais de la rivière froide, et notre Mini Près de Lisbonnne

Le Portugal est joli. Ses églises sont surchargées d’ornements. Je ne saurais dire quel est ce style, mais il n’inspire pas, sauf peut-être les plus croyants. Nous avons omis les plages de l’Algarve, car nous ne fréquentons que rarement les plages où que ce soit. Au nord de cette région, c’est une plaine asséchée, parsemée de petits villages où l’ancien et le plus récent se côtoient. Nous faisons la tournée des « Solarès », prononcez « solarèchhhhe » bien entendu. Ce sont de vieilles propriétés, parfois de la noblesse déchue, qui sont offertes en gîtes afin de les sauver de l’oubli. Ces demeures sont à l’occasion de véritables palais, vétustes mais encore imposants. On y parle en général… le portugais, souvent un peu d’anglais aussi. On arrive parfois à trouver quelqu’un qui connait le français, surtout chez les plus âgés. Le verre de vin promis dans la brochure du voyagiste est souvent oublié. Nous ne sommes pas dans la saison des touristes, il faut croire.

img_4791

Portugal

img_4899

Portugal

img_4872

Portugal

L’accueil reste chaleureux et amical. Les portugais sont zen. Lorsque j’ai demandé à un des hôtes ce qu’il en était de ce verre de vin, il m’a expliqué que ce n’était pas inscrit dans notre réservation et que, normalement, ce devait l’être. Mais pas de soucis, notre hôte nous arrive avec une bouteille qu’il nous garde ensuite au frigo pour le lendemain.

img_5125

Vallée du Douro

img_5089

Vallée du Douro

img_5658

Vallée du Douro

img_5759

Portugal

La vallée du Douro, aux portes de la ville de Porto, est beaucoup plus intéressante et jolie, avec ses vignes en terrasses. Les vins portugais qu’on nous sert ne sont pas impressionnants. Probablement que la SAQ a acheté toute la bonne production. Nous avons goûté un porto de 1924 et un autre des années 70. Ce dernier était préféré par la plupart des convives. Ni l’un ni l’autre ne m’a convaincu de sortir mes euros pour ramener une bouteille.

Finalement, la partie la plus intéressante de ce voyage au Portugal fut notre sortie par Bruxelles en Belgique. Le vol de retour y était beaucoup moins cher en passant par là, allez voir pourquoi. À l’aéroport je n’ai pas vu la moindre trace des explosions qu’on nous raconte aux bulletins d’info. En tout cas, nous avons décidé d’y rester quelques jours, tant qu’à faire. Nous avons déniché de petites chambres dans un hôtel bas de gamme, La Madeleine, un deux étoiles, en plein cœur de Bruxelles, dans ce qu’on nomme l’îlot sacré. Quel endroit enchanteur. Et cette Grand Place, quelle splendeur. Nous avons marché pendant trois jours ces rues magiques sans nous en lasser. Une journée fut consacrée à Bruges, jolie petite ville de la dentelle et des canaux, vestige d’un temps où un raz de marée a ouvert un bras de mer jusqu’à elle au moyen âge, et qui en fit un port de mer pendant quelques siècles jusqu’à son ensablement.

dsc06896

Grand Place, Bruxelles

img_6065

Bruges

img_5834

Atomium, vestige de l’exposition de 1958 Toujours impressionnant Bruxelles

Nous étions trois. Boujemaa nous accompagnait. Malgré son insistance pour aller visiter Molenbeek, ou traverser en Espagne, ou faire un saut à Amsterdam, nous sommes restés sur le parcours prévu. La petite voiture qu’on nous a fourni pour l’étape du Portugal fut une surprise. Une Mini Cooper. Impressionnante voiture. On y retrouve beaucoup du design des BMW dans son habitacle.

Le retour fut sans incidents, malgré une grippe attrapée dans l’avion qui, avec l’aide du décalage horaire, nous mis à genou pour quelques jours, Marie-Paule et moi. En plus, je reprenais la routine avec le chiot que Patrick avait gardé et éduqué pendant ces trois semaines. Nous nous retrouvions à son appartement à Montréal. Nous y étions les premiers. Pas de surprise si vous connaissez Patrick – j’ai oublié de lui programmer le sens du temps qui passe, à sa naissance. Mais il faut dire qu’il est arrivé seulement quelques minutes après nous. Lorsqu’il a ouvert la porte et que le chiot nous a aperçu, je crois qu’il a failli faire une crise d’apoplexie. Il a été confus et chambranlant pendant quelques minutes. Il ne savait plus à quel maître se vouer, le pauvre. J’ai rapidement mis les choses au clair. Et je le regrette depuis. Vivement le prochain voyage!

PS Salut à Paul, que vous pouvez visiter au https://paulcarnet.wordpress.com