Bouctouche – août 2017

Je suis né à Bouctouche. Ça fait longtemps. J’étais jeune à l’époque.

Mes parents y sont morts et enterrés. Ma mère en premier. Mon père cinq ans plus tard, à 99 ans. Ça s’est mal passé avec mes soeurs et mon frère, comme ça arrive dans d’autres familles. J’ai été habilement exclu des derniers rites et la discussion s’est terminée par avocats interposés. Mais c’est pas ça que je veux raconter. C’est pour dire que mon retour à Bouctouche après près de dix ans me tiraillait, déchiré par des souvenirs bons et d’autres douloureux.

Face à la baie, regardant le chalet

J’y suis retourné parce que Majella et Louise Marie, qui connaissent bien Bouctouche, et Normand et Anne-Marie, qui ne connaissaient pas du tout Bouctouche, s’étaient donnés comme projet d’y faire un tour cet été. Sachant que je me vantais toujours d’être le troisième illustre personnage qu’a vu naître Bouctouche, après K.C. Irving et Antonine Maillet, Anne-Marie m’a invité à m’y joindre. Comme nous serions « à plusieurs », j’ai dit oui.

Finalement, Majella « branlait dans le manche », comme il changeait de véhicule à cette période. À la dernière minute il s’est décidé et c’est avec son frère Serge et son drôle d’oncle Jean-Claude qu’ils sont débarqués au Camping DT au fond de la baie de Bouctouche. Normand et Anne-Marie y étaient quelques heures avant nous avec leur petite Alto sur le terrain adjacent.

Les deux premiers jours n’ont pas été sereins, partagé entre joie de revoir Bouctouche et le flot de souvenirs troubles. J’ai retrouvé la croix de pierre sur les cercueils de mes parents, faisant face à la baie de Bouctouche qu’ils ont tant aimée et que j’ai tant naviguée. J’ai passé tous les étés de mon enfance trempé dans ses eaux salées chaudes. Plusieurs d’entre elles avec mon cousin André, que j’ai retrouvé avec grand bonheur dans sa belle maison nichée le long d’une rivière, une des trois, qui se jette dans la baie. On l’appelait la rivière des Allains, mais je crois que son nom officiel est la rivière Black. Allez savoir… et tant pis. Le curé Allain, d’ailleurs, avait fait un de ses sermons terrorisants au sujet de ceux qui allaient se baigner « tout nu » au pont des Allains. Alors, si le curé l’appelle ainsi, c’est que ce doit être vrai!

Le chalet où j’ai vécu mes étés d’enfance

Le château d’eau, entrepôt des bateaux de mon père

Le château d’eau, entrepôt des bateaux de mon père

Poutine râpée, coques frites, homards achetés au quai de Saint Édouard… mon état d’esprit a changé et j’étais heureux d’être à Bouctouche. D’ailleurs au quai de Saint Édouard, je me place derrière une toute petite femme en attendant que le pêcheur accoste pour débarquer et faire peser sa pêche. C’est ti-pas Antonine Maillet! Ah! Denis! C’est le fils du docteur Marcoux. Je gardais son frère et sa soeur quand ils étaient petits, explique-t-elle à ses compagnons à côté. (Bon, ok. C’est du « name dropping ». Je l’ai fait avec une certaine finesse, non?) Le homard était à $5 la livre. J’en ai mangé « en masse ».

Le canot à voile de mon père au musée dans le vieux couvent

La présence de mes amis avec moi, là-bas a été supportant. Nous avons exploré la dune à la recherche des vestiges du canal que mon grand-père a tenté de percer au travers de la dune pour raccourcir le trajet des pêcheurs vers de port de Bouctouche. Je l’ai trouvé à ma deuxième tentative, seul avec Marie-Paule. Ce canal n’a survécu que quelques mois, rempli deux fois par les premières tempêtes. On y voit que des vestiges des grands murets qui tracent l’ancien canal en perçant le sable de quelques pouces.

Une semaine en août… Je reviendrai te voir un jour à nouveau, village de mon enfance dorée, jaune des sables et du soleil,  bleue des flots de la baie de Bouctouche.

Les vestiges sur la dune

Les vestiges sur la dune

Croisière sur le Rhin

Cette croisière sur le Rhin s’est faite en juillet dernier. Je deviens paresseux… rien écrit encore! Enfin… Je me laisse ici un souvenir de ce voyage. C’est un peu aussi pour vous… bien sûr.

Le navire: très bien. CroisiEurope. Je referais une croisière avec eux.

Le Rhin: Il traverse des plaines qui se ressemblent partout, sauf une section de l’Allemagne à la France, le Rhin romantique dit-on, où la concentration de châteaux est la plus importante en Europe. Cette section traverse une région montagneuse. Elle est intéressante et belle.

La Hollande est belle. Amsterdam très charmante, ainsi que Haarlem. Le musée extérieur, qui regroupe un grand nombre d’édifices récupérés du passé, est extraordinaire. Je dois noter pour moi-même que c’est là qu’on a fait devant moi et pour moi une laisse en corde que j’ai rapportée en souvenir.

Les villes d’Allemagne qui bordent le Rhin ont en général été nivelées par les bombardements de la deuxième grande guerre et sont toutes neuves, coquettes et sans grand intérêt pour moi qui cherche toujours l’Histoire. Sauf pour les cathédrales et grandes églises qui ont été épargnées parce qu’elles constituaient des repères pour l’aviation alliée. Le musée Gutenberg à Mayence abrite certains des premiers livres imprimés par le célèbre mais mystérieux personnage. Très impressionnant.

Coblence et Cologne, célèbre pour ses parfums, sont des villes reconstruites en presque totalité.

Strasbourg est une ville d’une grand beauté. Il doit faire bon y vivre. Les strasbourgeois semblent avoir abandonné leur patois germanique après la dernière guerre et sont passés, peut-être définitivement, au français.

Bâle, en Suisse, Basel pour les allemands, fut notre port de débarquement. Jolie ville, mais sans exagérer. Le taxi, conduit par un français, nous laissa à la gare d’où nous prîmes le train vers Paris.

Paris… qui me diras que ce n’est pas la plus belle ville sur la planète entière? Nous y avons passé l’après-midi en parcourant la coulée verte près de la gare de Lyon. Nous avons mangé des moules-frites dans un petit resto lové sous une arche de cette ancienne voie ferrée convertie en parc aérien. Quel bel après-midi. Nous reviendrons à Paris au printemps prochain, si Dieu le veut, comme disent les croyants, et ceux qui empruntent leurs expressions qui sont passées dans les coutumes.

Les chutes du Rhin, visitées depuis Bâle en Suisse. Mais se trouvent-elles en Allemagne?

Les chutes du Rhin, visitées depuis Bâle en Suisse. Mais se trouvent-elles en Allemagne?

La coulée verte, ParisLa coulée verte, Paris

 

Encore la coulée verte, Paris

Un chien et le Portugal… et Bruxelles

Malgré les effets délétères de cette grippe prise sur Air Transat au retour il y a une semaine, je cherche fiévreusement un titre percutant à mon carnet. Le mieux que j’ai pu faire c’est cette première phrase que je vous invite à relire avec attention.

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Dharma

Le chien est portugais. Un chien d’eau portugais. Il avait environ 9 semaines à son arrivée au début d’août. Nous sommes allés en Ontario pour l’adopter. Il ne connaissait que quelques mots d’anglais. Il ne connaît plus que le français maintenant. Et pas un mot de portugais.

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Solares près de Lisbonne

Les portugais sont étranges. Gentils, amiables, mais étranges. Comme leur langue chuintée. « Portougècccchhhhhhe », disent-ils. Ils trouvent drôle que les espagnols traversent la frontière si facilement mais qu’arrivés du côté portugais ils ne comprennent plus rien. « ShhhouiShhhouShhhhaaa »… Ça fait rire les portugais. Ils s’en foutent. D’ailleurs, certains de leurs plus beaux sites touristiques ne sont présentés qu’en une seule langue: la leur. Pas de complexes, comme nous avons chez nous. Pour eux, un touriste c’est quelqu’un qui vient du troisième village plus loin. « Vous venez du Canada? Vous connaissez des portugais chez vous? Ce doit être des portugais qui viennent des Açores. Il y a peu de portugais du continent qui émigrent », me dit-on. Je les crois.

Le Sintra, un site majeur en bordure de la ville de Lisbonne, reçoit des millions de visiteurs annuellement.

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Un des trois châteaux du Sintra

Je crois avoir compté les places de stationnement: 33. Ils s’en foutent. On se balade gentiment pare-choc à pare-choc dans les rues étroites des villages incluent dans ce grand parc, autour des trois châteaux, sans jamais pouvoir descendre de la voiture. À l’occasion un place se libère et est rapidement prise par quelqu’un devant dans le cortège. Finalement on a décidé de revenir proche de la fermeture des attractions. On a trouvé une place à l’écart, un élargissement dans un  petit chemin, pour y laisser la voiture. Marché jusqu’au kiosque, fait la file pour acheter un billet d’entrée, puis « Ah! le château des Maures, non c’est à l’autre kiosque juste un peu plus loin. » L’affiche devant annonce tous les prix mais ne dit pas que les kiosques se spécialisent chacun dans leurs billets à eux. Ils s’en fichent.

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Le palais de la rivière froide, et notre Mini Près de Lisbonnne

Le Portugal est joli. Ses églises sont surchargées d’ornements. Je ne saurais dire quel est ce style, mais il n’inspire pas, sauf peut-être les plus croyants. Nous avons omis les plages de l’Algarve, car nous ne fréquentons que rarement les plages où que ce soit. Au nord de cette région, c’est une plaine asséchée, parsemée de petits villages où l’ancien et le plus récent se côtoient. Nous faisons la tournée des « Solarès », prononcez « solarèchhhhe » bien entendu. Ce sont de vieilles propriétés, parfois de la noblesse déchue, qui sont offertes en gîtes afin de les sauver de l’oubli. Ces demeures sont à l’occasion de véritables palais, vétustes mais encore imposants. On y parle en général… le portugais, souvent un peu d’anglais aussi. On arrive parfois à trouver quelqu’un qui connait le français, surtout chez les plus âgés. Le verre de vin promis dans la brochure du voyagiste est souvent oublié. Nous ne sommes pas dans la saison des touristes, il faut croire.

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Portugal

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Portugal

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Portugal

L’accueil reste chaleureux et amical. Les portugais sont zen. Lorsque j’ai demandé à un des hôtes ce qu’il en était de ce verre de vin, il m’a expliqué que ce n’était pas inscrit dans notre réservation et que, normalement, ce devait l’être. Mais pas de soucis, notre hôte nous arrive avec une bouteille qu’il nous garde ensuite au frigo pour le lendemain.

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Vallée du Douro

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Vallée du Douro

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Vallée du Douro

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Portugal

La vallée du Douro, aux portes de la ville de Porto, est beaucoup plus intéressante et jolie, avec ses vignes en terrasses. Les vins portugais qu’on nous sert ne sont pas impressionnants. Probablement que la SAQ a acheté toute la bonne production. Nous avons goûté un porto de 1924 et un autre des années 70. Ce dernier était préféré par la plupart des convives. Ni l’un ni l’autre ne m’a convaincu de sortir mes euros pour ramener une bouteille.

Finalement, la partie la plus intéressante de ce voyage au Portugal fut notre sortie par Bruxelles en Belgique. Le vol de retour y était beaucoup moins cher en passant par là, allez voir pourquoi. À l’aéroport je n’ai pas vu la moindre trace des explosions qu’on nous raconte aux bulletins d’info. En tout cas, nous avons décidé d’y rester quelques jours, tant qu’à faire. Nous avons déniché de petites chambres dans un hôtel bas de gamme, La Madeleine, un deux étoiles, en plein cœur de Bruxelles, dans ce qu’on nomme l’îlot sacré. Quel endroit enchanteur. Et cette Grand Place, quelle splendeur. Nous avons marché pendant trois jours ces rues magiques sans nous en lasser. Une journée fut consacrée à Bruges, jolie petite ville de la dentelle et des canaux, vestige d’un temps où un raz de marée a ouvert un bras de mer jusqu’à elle au moyen âge, et qui en fit un port de mer pendant quelques siècles jusqu’à son ensablement.

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Grand Place, Bruxelles

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Bruges

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Atomium, vestige de l’exposition de 1958 Toujours impressionnant Bruxelles

Nous étions trois. Boujemaa nous accompagnait. Malgré son insistance pour aller visiter Molenbeek, ou traverser en Espagne, ou faire un saut à Amsterdam, nous sommes restés sur le parcours prévu. La petite voiture qu’on nous a fourni pour l’étape du Portugal fut une surprise. Une Mini Cooper. Impressionnante voiture. On y retrouve beaucoup du design des BMW dans son habitacle.

Le retour fut sans incidents, malgré une grippe attrapée dans l’avion qui, avec l’aide du décalage horaire, nous mis à genou pour quelques jours, Marie-Paule et moi. En plus, je reprenais la routine avec le chiot que Patrick avait gardé et éduqué pendant ces trois semaines. Nous nous retrouvions à son appartement à Montréal. Nous y étions les premiers. Pas de surprise si vous connaissez Patrick – j’ai oublié de lui programmer le sens du temps qui passe, à sa naissance. Mais il faut dire qu’il est arrivé seulement quelques minutes après nous. Lorsqu’il a ouvert la porte et que le chiot nous a aperçu, je crois qu’il a failli faire une crise d’apoplexie. Il a été confus et chambranlant pendant quelques minutes. Il ne savait plus à quel maître se vouer, le pauvre. J’ai rapidement mis les choses au clair. Et je le regrette depuis. Vivement le prochain voyage!

PS Salut à Paul, que vous pouvez visiter au https://paulcarnet.wordpress.com