Les derniers miles

… et les dernières notes sur ce voyage.

En quittant Phoenix en Arizona, nous avons traversé les montagnes abruptes par le Apache Trail, un chemin de terre. Les gens qu’on y croisait dans les hauteurs souriaient dans leur voiture à nous voir sur une telle route avec notre Alto. Aucun problème! Ça passe partout.

Route de terre dans les hauteurs avec l'Alto en traction

Route de terre dans les hauteurs avec l'Alto en traction

C’est par la suite que nous sommes passés par White Sands, lieu de l’explosion de la première bombe atomique, tel que décrit dans l’article précédent. Nous avons traversé longuement le nord du Texas en passant par Dallas et la Louisianne pour arrêter à Natchez au Mississippi aux pieds du Natchez Trace Parkway, une des grandes routes scéniques de la planète, longue de quelques 500 miles du sud au nord jusqu’à Nashville dans le Tennessee.

Aperçu de White Sands

Nous avons ainsi laissé le désert fleurissant au printemps …

Cactus en fleur

… pour une flore sous un climat devenant graduellement plus humide à l’est.

Le Parkway du Natchez Trace

Le Natchez Trace est une ancienne piste tracée d’abord par les amérindiens, puis les européens qui sont venus envahir le territoire, jusqu’au jour où les bateaux vapeurs ont permis de remonter le Mississippi autant que le descendre.

En fait, plus humide est un euphémisme. Le front froid annoncé a été dévastateur à plusieurs endroits dans la région. Des tornades, beaucoup de tornades, et des orages monstrueux. Nous avons été épargnés, malgré des vents impressionnants durant une des nuits dans un des camping fédéraux gratuits sur le Natchez Trace. De nombreux arbres sont tombés sur la route et l’un d’eux nous a arrêté le lendemain jusqu’à ce qu’un passant avec une scie à chaîne soit arrivé. On se promène avec une scie à chaîne ici? wow!

Il faudra une scie à chaîne pour passer

Il aurait été difficile de faire demi-tour ici avec l’Alto en traction. J’étais reconnaissant pour le type avec une scie à chaîne, mais je gardais malgré un oeil dessus, ayant déjà entendu parler du film « Texas Chain Saw Massacre ».

Finalement nous sommes passés. À plusieurs endroits on rencontre la veille piste qui est préservée malgré le passage de l’autoroute.

Ancienne piste Natchez Trace

En arrivant à Nashville nous quittons le Natchez Trace et nous nous dirigeons un peu plus à l’est pour rejoindre une des plus belles routes de l’Amérique: Le Blue Ridge Parkway. Cette route file sur une arrête montagneuse sur environ 500 milles vers le nord, jusqu’en Virginie. Nous avions déjà fait la partie de cette route au nord de la I-40 il y a plusieurs années. Nous avons fait cette fois la partie au sud, la plus élevée en fait, parsemée de nombreux tunnels.

Un des nombreux tunnels sur le Blue Ridge Parkway

La partie la plus élevée de la route culmine à un peu plus de 6,000 pieds d’altitude.

Vue de la route sur le Blue Ridge, à 6000 pieds

Arrivés à la I-40, les annonces de la météo, la proximité croissante de la frontière canadienne et le goût de retrouver la maison nous ont fait prendre les chemins les plus rapides pour rentrer. Nous avons poussé jusqu’à conduire 10 heures par jour et sommes rentrés en deux jours, tout en quittant les arbres tout en feuille, les terrains de golf secs et verts, et aussi les orages monstres et les tornades. Nous avons retrouvé la fin de l’hiver, les menaces de chutes de neige, les arbres dénudés, mais aussi la chaleur du foyer.

Nous avons parcouru quelques 21,000 kilomètres en quatre mois et deux semaines cette année. Nous avons vu tellement de paysages à couper le souffle que nous avons besoin de revoir nos photos pour tout nous rappeler. Quel périple!

Alors, c’est terminé pour ce voyage. C’est maintenant le temps de préparer le prochain.

Un retour amorcé

En quittant Carlsbad au Nouveau Mexique, nous avons pris la direction du Texas sur des routes qui rejoindraient éventuellement la I-20. La chaleur augmente sensiblement, atteignant éventuellement les 30 degrés. La traversée du Texas n’offre pas beaucoup de distractions mis à part la sortie graduelle de la zone aride. D’abord les arbres deviennent plus nombreux et un peu plus gros pour devenir des forêts dans le bout d’Abilene. C’est le vert printannier qui domine dans les teintes des feuilles.
Passé Dallas, les arbres sont grands et l’herbe est présente au sol. Le vert des arbres est d’un vert bien établi. Tout ce vert nous semble exhéburant en contraste aux paysages que nous avons vécu ces trois derniers mois. Les insectes aussi sont revenus en masse. Tout ça semble si nouveau, si étrange.
Nous couchons sur les berges du Mississippi en face de Natchez. Demain nous entreprendrons un périple de plus de 400 miles, le Natchez Trace Parkway, vers le nord et Nashville au Tenessee. Un des premiers arrêts sera pour voir le Emerald Mound, un énorme monticule amérindien de 600 ans. Lundi devrait passer un front froid puissant apportant orages et un danger de tornades. On croise les doigts!

Impressions du Grand Canyon (mars 2011)

Nous avons pris une chance afin de voir le Grand Canyon. La fatigue du voyage aidant, nous avons commis l’imprudence de rester à Williams, Arizona, à 7,000 pieds d’altitude alors qu’on annonçait de la neige. La neige a neigée, comme disait le poète.  On est quand même allé voir le Grand Canyon, à 8,000 pieds d’altitude, pour voir de quoi il est question. Nous avons visité les lieux, le village sur le South Rim… pour le Canyon, voici à peu près le mieux que nous avons pu voir ce jour-là:

Grand Canyon sous la neige

Grand Canyon sous la neige

J’ai dit à deux touristes là-bas: Je ne vois rien, mais je prends quand même des photos pour dire que je suis venu! Ils se sont bien bidonnés, même s’ils ne voyaient rien eux non plus!

Nous ne voulions avoir fait face à la tempête de neige dans notre Alto et partir malgré tout sans avoir vu le Canyon, même si on commence à avoir pas mal de Canyons à notre actif maintenant. Deux personnes nous ont dit qu’il fallait voir le Grand. Hum… ok, si vous le dites, mais un canyon, c’est un canyon, non?

Alors le lendemain on se lève tôt et on fait le trajet d’une heure encore une fois. Nous sommes sur une plaque qui a été soulevée de plusieurs milliers de pieds au-dessus de la partie plus basse au sud. Lorsqu’on regarde vers le nord d’un endroit plus au sud, on voit cette immense falaise de quelques milliers de pied en hauteur qui coupe le paysage sur des centaines de milles. Mais quand on roule en voiture sur ce haut plateau, on est sur du plat un peu comme dans le désert du sud de l’Arizona. Pas très différent. Des montages parfois au loin, des collines, mais un terrain essentiellement plat, quoi. Le Grand Canyon, c’est pas quelque chose qu’on voit au loin depuis des milles avant d’y arriver. On ne le voit pas du tout.

On arrive au « visitor center », stationne l’auto, puis on s’approche du bord du précipice. C’est là que tout se passe. Tout se passe dans l’émotion. Le paysage  se découvre SOUS mes pieds. Souvenez-vous, nous sommes sur un plateau plus ou moins plat partout. À chaque pas que l’on fait plus près de l’abîme, un univers différent se révèle à nous, en profondeur, comme si nous étions des dieux sur le mont Olympe regardant la terre des hommes en-dessous. Dans cette immense cavité on voit des montagnes énormes et entières, des plaines, des vallées, des plateaux, tout un monde découpé comme si Zeus avait pris un couteau et creusé une sculpture d’un monde entier dans un sol plat. C’est ça le Grand Canyon. C’est pour ça qu’il faut le voir soi-même, afin d’être saisi par le spectacle. Aucune photo ne peut communiquer cette expérience de découvrir cet univers d’en dessous en s’en approchant graduellement de son bord supérieur.  Pourtant j’étais averti: « démesure », « insaisissable », « immense »… j’ai même vu le film Imax sur le Grand Canyon. Rien ne m’a préparé à cette expérience saisissante. J’en reste marqué encore aujourd’hui avec un goût de le revoir.

Grand Canyon Az South Rim

Grand Canyon Az South Rim

Grand Canyon Az South Rim

Grand Canyon Az South Rim

Grand Canyon Az South Rim

Grand Canyon Az South Rim

Aucun regret d’avoir bravé la mauvaise température, ni d’y être retourné le lendemain pour voir ça. Et la prochaine fois que je serai dans la région, j’espère y venir mais sur le North Rim, à 10 milles de l’autre côté et à 1,200 pieds plus haut.

Nous sommes retournés à notre Alto vers 11h et avons attelé. La route prise pour retrouver plus de chaleur au sud, en bas du plateau de Colorado, nous fait passer de Flagstaff vers Sedona, en descendant les milliers de pieds du Oak Creek Canyon. Spectaculaire. Les paysages incroyables semblent se succéder à un rythme fou depuis quelques semaines…

Oak Creek Canyon

Oak Creek Canyon

Oak Creek Canyon

Oak Creek Canyon

Oak Creek Canyon

Oak Creek Canyon

Nous nous sommes rendus jusqu’à Cordes Junction où, surprise, nous avons visité d’anciennes résidences construites dans les falaises par des amérindiens nommés Sinagua par ceux qui ont trouvé les traces de leur existence.

Cordes Junction Résidence Sinagua

Cordes Junction Résidence Sinagua

Nous avons fait encore de la route depuis puisque nous quittons demain le Nouveau Mexique, Carlsbad pour être précis. Mais il est tard. Coupons court.

Passage à White Sands, près d’où fut testée la première bombe atomique.

White Sands New Mexico

White Sands New Mexico

White Sands New Mexico

White Sands New Mexico

White Sands New Mexico

White Sands New Mexico

White Sands New Mexico

White Sands New Mexico

Attention, tout ça c’est pas de la neige. Il fait chaud ici. C’est du gypse d’une blancheur étonnante.

Puis on fait route encore vers le sud, cherchant encore plus de chaleur. On aboutit à Carlsbad. Pourquoi pas aller voir les cavernes en même temps.

On a vu des cavernes en Chine. Ça semblait assez. Erreur. Il faut voir la spendleur et les dimensions de Carlsbad.

Carlsbad Caverns Entrée naturelle

Carlsbad Caverns Entrée naturelle

Carlsbad Caverns Sous terre 750 pieds

Carlsbad Caverns Sous terre 750 pieds

Demain nous commençons la longue traversée du Texas sur le chemin du retour.